Les jeux de société et le plaisir solitaire (partie 1/2)
Les jeux de société sont comme le sexe. C’est fait pour jouer avec un/une partenaire (ou avec plusieurs), mais on peut quand même se pratiquer en solitaire… ;)
C’est le moment de la tranche de vie.
N’ayez crainte, l’analogie avec le sexe se termine ici… Pour ceux qui ne sont pas au courant, j’ai une grande passion pour les jeux de société. Une très grande passion. Ceci étant dit, imaginez-vous qu’il y a eu un grand moment dans ma vie (j’exagère à peine) où je n’étais pas le moindrement intéressé à jouer seul à un jeu de société. Oui oui, vous avez bien lu! J’étais complètement dépendant des autres pour jouer! Bon… plus sérieusement, je ne crois pas que c’est la majorité des passionnés de jeux qui « tripent » jeux solos (comme on dit dans le jargon). Mon premier « déclic » s’est fait, lorsque ma mère m’a présenté le jeu Vendredi. Je l’ai trouvé très intéressant et ça m’a rendu un peu plus curieux d’en essayer d’autres, sans toutefois vraiment me motiver à le faire... Le vrai déclic s’est fait lorsque j’ai voulu jouer à Race for the Galaxy. C’est un jeu assez complexe à apprendre, et vu que ma conjointe n’aime pas trop la phase d’apprentissage d’un nouveau jeu, j’ai voulu le maîtriser en y jouant en solo. J’ai vraiment adoré! C’est à ce moment-là que j’ai décidé d’en essayer d’autres et de vous partager mes découvertes!
Je connais ça les jeux solos, je joue au Solitaire!
On va mettre les choses aux clairs. Le jeu Solitaire est aussi représentatif des jeux de société modernes qui se joue en solo que Monopoly l’est pour les jeux en général. Je ne les dénigre pas (peut-être un peu…), mais il y en a tellement d’autres à découvrir qu’il ne faut pas s’arrêter là!
Test numéro 1 : Mon cerveau a failli exploser!
Dans ma liste de jeux à essayer, il y avait Space Alert. C’est un jeu de Vlaada Chvatil, l’auteur de Galaxy Trucker (un jeu que j’adore), dans une thématique de science-fiction et combinant la mécanique de programmation (comme dans Colt Express) et le jeu en temps réel avec une trame sonore qui dicte les événements (comme Zombie 15’). Il y a tous les ingrédients pour en faire un succès (dans mes goûts personnels) et en plus, il se joue de 1 à 5 joueurs!
Sans y avoir joué avant, j’ai entrepris de lire les règles et d’essayer les scénarios de base en solo. Oh là là!!!! Mon cerveau a failli exploser! Oui, le jeu se joue seul, mais on doit contrôler les 4 personnages sur une trame en temps réel avec des missions où une seule petite erreur de coordination peut tout faire foirer! Ce n’est pas impossible de réussir, mais à mon avis, le jeu n’est pas vraiment adapté pour jouer seul.
J’y ai rejoué plusieurs fois avec 4 et 5 joueurs et le jeu est vraiment « tripant »! Peut-être qu’une fois vraiment habitué avec les missions, que quelqu’un pourrait y trouver du plaisir à y jouer seul, mais pas moi. La mécanique principale du jeu est, à mon avis, la coopération et l’interaction entre les joueurs. Si on y joue seul, on perd l’essence principale du jeu.
Test numéro 2 : Les variantes sur des jeux existants
Il y a certains jeux qui ont des variantes « non officielles » ou « moins officielles » qui permettent de convertir un jeu à la base multijoueur, en un jeu solitaire. J’ai essayé la variante solo des jeux Mint Tin Aliens et Mint Tin Pirates crée par Nick Shaw. Ces deux variantes fonctionnent aussi bien que si elles avaient été conçues initialement avec les jeux. J’ai eu beaucoup de plaisir à essayer de battre mon pointage à multiples reprises! Bravo à M. Shaw pour ces variantes.
Vous pouvez lire la variante solo (en anglais) de Mint Tin Pirates ici et celle de Mint Tin Aliens ici.
Dans la catégorie des variantes « moins officielles », j’ai essayé quelques scénarios de la Bataille de Kemble’s Cascade. J’ai trouvé ça bien, mais sans plus. Il faut dire que le jeu est officiellement de 1 à 5 joueurs, mais dans le livret d’instruction, il n’y a pas trop de détail sur la version solo. J’ai trouvé les scénarios en solo sur BBG. La différence principale avec une partie en multijoueurs, c’est l’espace du jeu qui est restreint. Dans une partie solo, on utile seulement que 2 espaces par ligne. Ça limite les possibilités stratégiques à mon avis. C’est fonctionnel, mais je ne recommanderais pas ce jeu à quelqu’un qui veut principalement jouer en solo.
Test 3 : J’ai un gros cerveau, je veux un gros jeu!
Figurez-vous que la majorité des jeux d’Uwe Rosenberg (un de mes auteurs favoris) se jouent aussi en solo! C’est le moment de tester quelques jeux de gestion de ressources! J’ai commencé par Le Havre, Caverna et ensuite Terres d’Arle. J’ai adoré les 3! À la base, ce sont des jeux avec une interaction assez limitée entre les joueurs. Il arrive qu’on se bloque un peu et c’est inévitable qu’on aille se positionner où un autre joueur aurait voulu aller, mais il reste que ce sont des jeux où chaque joueur se concentre beaucoup plus sur ce qui est bien pour lui que ce qui est « trop bien » pour d’autres. Ceci étant dit, en solo, ces trois jeux deviennent de l’optimisation pure! Il n’y a pas l’action des autres joueurs pour limiter nos options. C’est à nous de trouver « LA » bonne stratégie et de la maintenir jusqu’à la fin! Ça devient un réel défi d’obtenir le meilleur pointage dans chaque partie!
Je recommande fortement Le Havre, Terres d’Arle ou Caverna sans hésitation pour jouer en solo ou en multijoueurs. Ce sont d’excellents jeux!
Test 4 : De la coopération solitaire
Il y a plusieurs jeux coopératifs qui peuvent se jouer en solo tel que Robinson Crusoe, Horreur à Arkham, Zombicide, Space Alert, etc. Un des problèmes qu’on retrouve souvent dans ce type de jeu, c’est le « syndrome » du joueur alpha. C’est souvent le joueur le plus expérimenté (ou celui avec la plus grande gueule…) qui finit par prendre les décisions pour tout le monde. C’est un phénomène qu’on retrouve particulièrement dans Robinson Crusoe. La structure du jeu fait en sorte que les joueurs se positionnent en même temps et ensuite on résout les actions. Ce n’est pas comme dans d’autres jeux où le joueur 1 fait ses actions, en récolte les conséquences et passe le tour au prochain. Robinson Crusoé est donc un jeu où je me suis trouvé à jouer seul sans vraiment le vouloir, car oui, vous l’avez deviné, c’est souvent moi le joueur alpha dans mes parties. Dans mon cas, par contre, c’est certainement en raison de mon leadership et de mon charisme incroyable… Plus sérieusement, Robinson est un excellent jeu solo, car à la base, j’ai l’impression qu’il a été conçu comme tel. Bon, vous allez me dire que s’il est si bon que ça, pourquoi personne ne veut jouer avec moi (d’autant plus que je suis une personne avec un leadership et un charisme incroyable?). Eh bien, c’est parce que Robinson est un jeu très difficile et qu’il ne favorise pas facilement le délègue des tâches. Les joueurs un peu moins motivés perdront vite intérêt étant donné qu’ils auront l’impression que le jeu avance sans eux de toute façon. Je recommande donc Robinson beaucoup plus en tant que jeu solo que multijoueur.
Dans le cas des autres jeux coopératifs, comme Zombicide. Ils fonctionnent très bien en solo, mais j’ai l’impression qu’on perd une mécanique importante du jeu qui est justement la coopération.
La suite au prochain épisode!
Dans la partie 2 de l’article, vous pourrez lire le « Test 5 : On paye plus pour jouer moins? » et le « Test 6 : Le vrai plaisir solitaire! » en plus d’un récapitulatif de tous ces tests! Vous pouvez le lire ici !